Lorsque je prononce cette phrase aux personnes que je forme à la prise de parole en public, elles me regardent ébahies. Encore un délire de formateur, de metteur en scène déjanté.

Le doute règne. Jusqu’à ce que je leur fasse faire l’exercice suivant : 

« Pensez à une situation que vous avez vécue, dont vous vous souvenez suffisamment bien pour nous la faire voir, ressentir/sentir, toucher, entendre ou goûter. Il peut s’agir d’une situation anodine-nous faire goûter la suavité de la crème caramel de votre grand-mère- ou une situation plus « rock and roll » comme les vibrations que vous ressentez sur votre « Kawasaki 1300 » ou la sidération qui vous a saisie lorsqu’ un requin blanc est passé à deux centimètres de votre nez lors de votre dernier stage de plongée.

Vous pouvez évoquer toutes les situations possibles pourvu que :

1.     Vous reviviez la scène en la racontant.

2.     Vous vous concentriez plus particulièrement sur un des cinq sens que vous voulez stimulez chez vos interlocuteurs.

3.     Vous laissiez vos gestes se joindre à la parole, non pas pour mimer ce que vous dites mais pour fabriquer avec votre corps, les éléments de décor- une mer déchainée, votre salon, un circuit, le sommet enneigé d’une montagne ou autre- dont nous avons besoin pour être transporté dans la situation que vous voulez nous faire vivre.

Ainsi briefés, les participants jouent le jeu et aussitôt, la salle de formation cesse d’être un lieu de travail pour devenir tour à tour, le sommet d’une pyramide, le fond d’une grotte sous-marine, un restaurant plongé dans le noir, l’habitacle d’un avion secoué par des turbulences insensées ou encore une aurore radieuse au bord d’un lac mexicain…

Après avoir fait l’exercice, les participants, bien que n’ayant jamais pris un cours de théâtre de leur vie, sont stupéfaits par la capacité qu’ils ont de captiver leur public. En laissant leur intelligence émotionnelle sélectionner des mots, des expressions, des mouvements en des temps réflexe (1/1000ème à 1/5000ème de seconde) chacun prend conscience de sa puissance expressive et de la nécessité, pour qu’elle se déploie, de la laisser faire …

Jack Garfein, un metteur en scène américain avec lequel j’ai eu la chance de travailler disait : « Jouer, c’est envoyer des images ». On pourrait dire la même chose de toute prise de parole réussie. Au-delà des mots, elle parvient à communiquer, grâce à des métaphores, des analogies, des gestes, des représentations sensibles qui se dessinent dans l’esprit de ceux qui vous écoutent.  

« Une image vaut 1000 mots » dit à juste titre le proverbe chinois.

Pour être sensée, notre communication doit être sensible. Vous qui devez régulièrement pendre la parole dans votre cadre professionnel, quelles images avez-vous envie de faire voir aux publics qui vous attendent en 2023 ?

Que cette nouvelle année soit pour vous aussi lumineuse et prometteuse que les premiers jours du printemps.