Nous sommes dans un ascenseur. Vous y êtes en compagnie de 5 personnes que vous ne connaissez pas. Vous avez hâte d’arriver à votre étage. Vite, que la porte s’ouvre ! Le silence est pesant.

Vous êtes en voiture avec une personne rencontrée récemment qui a accepté de vous reconduire chez vous. Vous parlez trop. Avec ce sentiment de masquer une gêne. Le silence est redouté.

Vous prenez la parole devant un public. Votre cœur bat. Vous enchainez les phrases, le souffle court. Vous avez beau vous dire que vous parlez trop vite, que vous ne vivez pas ce que vous dites, c’est plus fort que vous, vous êtes pris dans une fuite en avant qui ne vous permet plus de prendre une pause. Le silence est escamoté.

Ces trois situations nous révèlent à quel point la maitrise du silence n’est pas chose facile ?

Mais pourquoi donc ?

Voici la réponse de Laurie Laufer, psychanalyste, dans son livre « Le silence, la force du vide » (Ed. Autrement) :

« La fonction essentielle du silence est de permettre à la parole intérieure de circuler. Faire silence, c’est oser une confrontation de soi à soi, c’est affronter sa propre solitude. Le silence permet cette rencontre avec la personne à l’intérieur de nous qu’on ne connaît pas nécessairement. Cette rencontre est parfois très déroutante et peut-être une source d’inquiétude, car tout d’un coup le silence nous révèle des choses qu’on n’a pas envie d’entendre. Savoir être en silence avec soi-même, c’est accepter son espace intérieur » 

Quitte à le réaménager. A donner plus de crédit à certaines voix intérieures et à en tenir d’autres à distance …

Dans un monde qui souffre d’une carence d’intériorité, nous préférons souvent le bruit et la distraction à cette relation profonde, et inspirante avec nous-même. Et qu’il nous faut approfondir pourtant.

Dans ma pièce « J’entends des voix », j’ai écrit un rôle appelé Le silence. Par définition, il ne dit rien et pourtant son rôle est essentiel. Les spectateurs qui ont vu la pièce mise en scène disaient avoir beaucoup appris de ce personnage muet.

Et vous, comment faites-vous pour apprendre ce que le Silence veut vous murmurer ? Lui donnez-vous le temps et l’espace dont il a besoin pour se laisser apprivoiser et vous révéler ses secrets ?

Lors de nos formations à la prise de parole en public, nous insistons sur le fait que la maitrise du silence est une clé pour bien s’exprimer. Savoir faire silence, c’est se donner les moyens :

– De respirer au bon moment et de trouver son rythme.
– De laisser à vos arguments le temps de retentir dans la conscience de vos interlocuteurs.
– D’accueillir votre inspiration du moment.
– De prendre le temps d’écouter votre public de manière à ajuster votre parole.

Le silence est d’or.